L'actu du moment - Accompagnement des demandeurs d'asile à l'entretien OFPRA23 mai 2017 | Depuis la réforme de
l’asile du 29 juillet 2015, des membres de La Cimade peuvent
accompagner les
demandeurs d’asile à leur entretien à
l’OFPRA. Après un an d’observation, quel
bilan tirer de cette activité et quelles suites pour La
Cimade ?
Janine Dardare, bénévole au sein de l’équipe
dédiée, témoigne de son expérience
et nous fait part des conclusions de l'équipe. Présence aux entretiens : une victoire importante Le fait d’autoriser des représentants associatifs à assister
aux entretiens des demandeurs d’asile à l’OFPRA (Office français de protection
des réfugiés et apatrides) était une revendication de longue date de La Cimade.
C’est donc avec satisfaction qu’elle a vu cette possibilité enfin permise par
la dernière loi asile (voir notre article dans la Cimadine de février 2016).
D’une part, observer concrètement les pratiques de l’OFPRA
lors de l’entretien pour savoir ce qui s’y passe, contribuer à améliorer les
conditions d’entretien, et pouvoir éventuellement tenir compte de ces
observations pour mieux préparer les demandeurs. « Toutes ces dernières années, nous ne
connaissions pas grand-chose de la teneur des questions, des réponses,
des techniques d'entretien, de la qualité des interprètes… ; le plus
souvent les demandeurs nous disaient juste « cela s'est très bien passé »
se souvient Janine Dardare, bénévole asile en Ile-de-France et
coordinatrice de l’équipe d’observation OFPRA. « Nous sommes devenus témoins, c’est essentiel pour notre rôle
d'accompagnateur associatif. » Par ailleurs, cet accompagnement est aussi une façon
d’apporter un soutien moral aux demandeurs d’asile dans ce moment très particulier
: « Ils jouent leur avenir en France dans ce premier contact avec
l’OFPRA, ce qui génère beaucoup de stress. Quand je suis aux côtés de quelqu’un
dans la salle d’attente et que j’observe les autres demandeurs, je perçois une
énorme tension. Les visages sont fermés, l’atmosphère très lourde
« Mais toutes les
demandes d’accompagnement ne peuvent pas être prises en compte »
alerte Janine Dardare. « Nous n’avons
qu’une vingtaine de personnes habilitées en Ile de France. Leurs disponibilités
ne correspondent pas forcément aux dates de l'entretien. Nous donnons la
priorité aux personnes suivies par La Cimade, et aux demandeurs ne bénéficiant
d’aucun accompagnement par ailleurs. » Mais même parmi ce public prioritaire, toutes les demandes ne peuvent être
satisfaites, aussi un groupe local ne peut pas exiger qu’une personne soit
accompagnée. L’action de La Cimade est menée dans la mesure de ses moyens
humains disponibles.
L'observation, un exercice exigeant
« Au début, c’est
un exercice qui n’est pas évident, j’étais plutôt sur la réserve »
raconte Janine Dardare. « Même si on
a de l’expérience et des compétences dans ce domaine, ce n’est pas évident de
faire des observations à un officier de protection expérimenté. En plus nous
représentons La Cimade, c’est une responsabilité que de s’exprimer en son nom !
Les premières fois, il m’est arrivé de ne pas oser formuler d’observations
alors que j’en avais notées. Et puis petit à petit j’ai pris de l’assurance. »
Le conseil national de La Cimade a approuvé en avril 2017
les préconisations du rapport et décidé de la prolongation de
l’expérimentation, dans ce même cadre de regard citoyen. La prochaine
étape est d’augmenter le nombre de cimadien.ne.s en Ile de France habilité.e.s
à assister aux entretiens – et également en région lorsque l’OFPRA se déplace
dans d’autres villes pour entendre sur place des demandeurs d’asile (missions
foraines) ou pour assister aux visio-conférences qui se généralisent en
rétention ou en prison. La mutualisation de ces observations devrait permettre
de contribuer à un meilleur accompagnement des demandeurs d’asile. |