Main dans la main : grève des salarié·e·s en rétention19 avril 2018 | Le mercredi 4 avril,
l’ensemble des salarié·e·s de La Cimade intervenant en centre de rétention
administrative (CRA) se sont mis en grève pour protester contre le projet de
loi asile et immigration. L’équipe du CRA du Mesnil-Amelot, en Ile-de-France,
nous explique leur démarche. La Cimade en tant
qu’association est engagée contre le projet de loi. Pourquoi vous, en tant
qu’intervenant·e·s en rétention, avez-vous souhaité faire grève ? La Cimade se mobilise mais nous trouvions que cette
mobilisation était trop lisse et n’allait pas assez loin, en tout cas avec les
éléments de connaissance que nous en avions à l’époque. Nous avions aussi le
sentiment d’être peu audibles sur la situation en CRA et les impacts de la loi
sur les personnes retenues, alors que nous étions les plus légitimes pour en
parler. En tant que salarié·e·s, nous avions cet outil du droit de grève à
disposition et après concertation de toutes les équipes présentes en CRA, nous
avons décidé de nous en servir : nous nous sommes tous et toutes
retiré·e·s du CRA pendant une journée. Il
s’agissait d’une grève symbolique puisque nous n’avons pas de capacité de
nuisance – à part envers les personnes retenues, mais ce n’était évidemment pas
le but ! L’objectif était simplement d’être visibles et audibles
médiatiquement, depuis notre position particulière, et avec une certaine
radicalité de parole. Comment s’est passée
cette journée du 4 avril ? Dans tous les CRA où La Cimade intervient, les collègues
étaient en grève et un communiqué de presse a été envoyé. Ensuite la
mobilisation a été adaptée à chaque contexte local. Dans certaines villes, nous
avons organisé des rassemblements qui nous ont permis d’attirer encore
davantage l’attention des journalistes. A Paris, des acteurs très variés ont été conviés à ce rassemblement et sont venus : nos autres collègues salarié·e·s, les bénévoles de la région, mais aussi les intervenant·e·s rétention employés par d’autres associations, les travailleurs sociaux travaillant auprès des personnes migrantes, du personnel de la CNDA, des avocats, des personnes retenues passées par le CRA, et même un parlementaire ! Nous avons le sentiment qu’il manque un mouvement commun entre toutes les structures qui travaillent auprès des personnes migrantes, donc c’était satisfaisant de réunir tous ces profils différents dans une même mobilisation. ![]() Notre objectif médiatique a été atteint avec de nombreuses
retombées, que ce soit au niveau national ou au niveau régional et local (voir notre
revue de presse de la semaine du 2 avril). Et au sein du CRA,
comment votre démarche a-t-elle été perçue ? C’était intéressant car cela nous a permis de parler du
projet de loi et de notre position avec tous les autres acteurs du CRA :
les personnes retenues, les policiers, les médecins, l’OFII… C’est d’ailleurs
nous qui avons appris aux policiers le contenu de la loi ! Et ils étaient
d’accord avec nous, ils ont sauté au plafond en apprenant l’allongement de la
durée de rétention. Dans les CRA, cette loi fait peur à tout le monde. Quant aux personnes retenues, c’était intéressant d’en parler avec elles et de les mobiliser sur autre chose que leur situation personnelle. Nous avons recueilli 3 témoignages de personnes passées par le centre de rétention, que nous avons diffusés à la sono lors du rassemblement.
Un mot de
conclusion ? Le slogan de notre rassemblement : « Collomb, on va te faire toute la misère du
monde ! » (rires) A part ça, peut-être simplement rappeler que même si nous nous battons aujourd’hui contre cette loi, notre but réel n’est pas de garder 45 jours de rétention, mais de revendiquer la fin de la rétention. Nous nous mobilisons contre la chute de droits, mais notre lutte va bien au-delà ! L’équipe intervenant au CRA du Mesnil-Amelot |