Main dans la main : la marche solidaire29 juin 2018 | La marche solidaire, organisée du 30 avril au 7 juillet entre Vintimille et Calais, touche bientôt à sa fin après un long parcours de rencontres et de partage. Fanny Fayolle, bénévole au groupe local de Clermont-Ferrand, l’a suivie pendant un mois : témoignage d’une marcheuse conquise ! Fanny Fayolle est cimadienne depuis 2011 au sein du groupe local de Clermont-Ferrand. Professeure de Français Langue Etrangère de métier, elle y a été stagiaire, bénévole en FLE puis s’est investie dans les activités de sensibilisation. Elle entend parler du projet de marche solidaire en mars, lors d’une convention nationale sur l’accueil et l’immigration à Grande-Synthe, lors de laquelle l’Auberge des migrants présente le projet. « J’étais dans une période de pause professionnelle de 6 mois, pendant laquelle je souhaitais me consacrer pleinement à des activités associatives. Cette marche correspondait exactement au type de choses que j’avais envie de faire. Les revendications autour de l’accueil inconditionnel, de la fin du blocage aux frontières, de la fin du délit de solidarité avaient beaucoup de sens pour moi, surtout au vu de l’actualité. Elles faisaient écho à la fois à ma vie professionnelle et à ma vie associative. J’ai donc décidé de suivre la marche pendant une semaine, de Arles jusqu’à Lyon. Mais au bout d’une semaine, je n’avais aucune envie d’arrêter... Finalement, je suis restée un mois ! » Dès son premier jour de marche, Fanny est emballée par la belle ambiance et la cohésion qui se dégage du groupe. Au total, chaque jour, 35 à 50 personnes marchent ensemble : à la dizaine de personnes qui font le parcours de Vintimille à Calais, s’ajoutent d’autres qui, comme elle, suivent la marche pour quelques jours ou quelques semaines, et d’autres encore qui viennent simplement faire une étape, à la journée. Il y a des personnes de tous les âges – notamment beaucoup de jeunes, ce qui surprend Fanny ! – et surtout des personnes de tous horizons, de la militante associative de longue date au simple curieux sensible à la cause. « Les journées étaient extrêmement riches en discussions et en expériences à partager. Nous pouvions échanger sur ce que nous faisons localement, ce que font les autres, piocher des idées… C’est ça qui m’a donné envie de rester ! Et pour les personnes qui n’avaient pas d’activité militante jusqu’ici, je pense que ce genre de rencontres peut susciter des vocations ! » À chaque étape, un comité d’accueil interassociatif attendait les marcheurs et les marcheuses, et organisait un évènement local : une déambulation dans la ville-étape, une projection, un débat… La Cimade a ainsi fait partie de plusieurs comités d’accueil, en lien avec d’autres associations locales. « Ces étapes ont donné l’occasion à des associations de se retrouver autour d’un projet commun, alors qu’elles ne bossent pas forcément ensemble d’habitude. C’était intéressant pour elles de ce point de vue-là. Et pour nous qui marchions, cela nous a permis de voir qu’il y a des projets autour des personnes migrantes partout en France, y compris dans de petites villes. » Une fois arrivée à Paris, la physionomie de la marche a un peu changé : un collectif de sans-papiers a rejoint la marche, faisant doubler les effectifs. « C’était bien qu’ils soient là car tout au long de la marche, on nous a beaucoup dit : vous marchez "pour les migrants" mais il n’y en a pas beaucoup avec vous ! C’était l’occasion d’expliquer que pour une personne migrante, s’exposer dans une action publique peut être difficile, que les demandeurs et demandeuses d’asile hébergé·e·s en CADA risquaient de perdre leur place, ou que les personnes ayant obtenu le statut de réfugié avaient encore bien d’autres choses à penser. » Ali, réfugié iranien qui réalise un film sur la marche La marche a ainsi permis de créer le dialogue avec les habitant·e·s des différents lieux traversés, et de leur expliquer la démarche. « Nous avons rencontré beaucoup de gens, qui étaient souvent surpris par ce projet de marche, nous posaient des questions. Les réactions étaient diverses, parfois très positives, parfois aussi très négatives. Mais une chose est sûre, la marche nous a permis de susciter un échange avec des personnes qu’on ne touche jamais d’habitude : c’est déjà beaucoup ! » © Jérémy Suyker - collectif Item Le souvenir le plus marquant de Fanny sur la marche, c’est une étape qui n’était pas prévue sur le trajet initial : le « Rassemblement des Glières », festival sur les résistances organisé chaque année sur un plateau au nord d’Annecy. « Nous avons été invités à cet évènement, que nous avons rejoint en bus depuis Dijon. Il y avait toute une programmation autour des résistances d’hier et d’aujourd’hui, notamment la projection du film « Libre » de Michel Toesca sur Cédric Herrou et la mobilisation de la vallée de la Roya. C’était vraiment un beau moment. » Après avoir accompagné la marche pendant un mois, arrivée à Compiègne, Fanny a dû, à regret, interrompre le parcours pour reprendre le travail. Mais pendant ce temps, la marche continue : après une étape à Lille le 1er juillet, les participant·e·s marcheront jusqu’à Calais où ils arriveront le 7, puis se rendront à Londres le 8 juillet. « Il n’est pas trop tard pour la rejoindre la marche et participer aux étapes finales ! Alors si vous le pouvez, allez-y : vous ne le regretterez pas ! » |